Retour sur cet événement symbolique d’une mouvance en marche. Par Laetitia Brottier, Directrice de l’innovation chez DualSun et Vice-Présidente d’Enerplan.
Révolution numérique + baisse des coûts du photovoltaïque
Impulsée par la convergence de la révolution numérique et des baisses des coûts du photovoltaïque, une nouvelle ère, celle de l’autoconsommation photovoltaïque, est en train de naitre à l’échelle mondiale.
André Joffre, président du pôle de compétitivité Derbi nous l’a prédit : avec des nouveaux modèles comme la blockchain, on pourra se faire livrer les électrons photovoltaïques produits du toit de notre maison jusqu’à notre bureau où sera garée notre voiture électrique. On pourra également être exempté de payer les électrons nucléaires de notre maison de vacances, parce qu’on est en train de les compenser ailleurs en France.
Les nouvelles technologies n’ont pas à payer le passé
Jean-Michel Glachant, directeur de la Florence School of Regulation et spécialiste européen des réseaux nous le rappelait : les nouvelles technologies n’ont pas à payer le passé. Qui trouverait logique que les téléphones portables paient les lignes fixes ou internet la télévision hertzienne ? Le réseau du futur sera adapté à la décentralisation de la production, et les règles, les tarifs, les services ne seront pas ceux d’aujourd’hui.
En termes d’offres, plusieurs niveaux d’investissements ont été présentés, tous pertinents, avec la possibilité d’y aller par étapes :
- D’abord une installation qui efface la consommation au fil du soleil. Pour un particulier, il s’agit de petites installations de l’ordre de 1kWc.
- Ensuite une consommation intelligente, pilotée en fonction de la ressource, qui va permettre d’intégrer d’avantage de solaire, c’était l’exemple du boitier Smart Home de SMA.
- Enfin l’intégration de batteries destinées à la maison, comme le présentait Schneider Electric.
Ce système est déjà rentable en Allemagne nous expliquait Sven Roesner de l’Office Franco-Allemand de la Transition Énergétique, il l’est ausi aux USA, comme en témoignait Tesla Energy. - La cerise sur le gâteau, encore un peu plus futuriste, le Vehicule-to-Home : la voiture électrique chargée au solaire qui rend aussi des services aux réseaux pour les aider à diminuer les pics de consommation (si tant est que le constructeur automobile, ou le propriétaire du véhicule ai quelque chose à gagner contre ces services comme nous l’expliquait Yannick Perrez de la chaire PSA de CentraleSupélec – Essec)
Autoconsommation chez les particuliers
Sur le marché du particulier, selon l’enquête d’Opinion-Way près de la moitié des français souhaitent s’équiper en photovoltaïque issu de l’autoconsommation.
Et bonne nouvelle, ErDf a annoncé que le raccordement en vente de surplus sera gratuit, dans la grande majorité des cas, à partir d’octobre 2016. Cela peut représenter jusqu’à 1200€ d’économies.
Un certain manque de confiance vis-à-vis des installateurs a été révélé via l’enquête. Pour répondre à cette crainte, Qualit’ENR travaille à un label de qualité pour sélectionner des installateurs formés aux spécificités de l’autoconsommation, compétents, et régulièrement contrôlés par des audits autant sur leur devis que sur la technique.
Autoconsommation photovoltaïque chez les industriels et le tertiaire
Sur le marché de l’industriel et du tertiaire, une étude PERIFEM montre une très grande maturité de la grande distribution sur cette opportunité de l’autoconsommation photovoltaïque puisque 60% des chaines se disent prêtes à investir pour un développement durable, mais aussi pour la garantie d’un prix fixe de leur énergie. Alain Lafforgue, PDG de Leclerc à Langon a investi en fonds propres sur des ombrières pour le parking. Il a témoigné de l’importance de l’implication de la Région Aquitaine pour lever les freins par méconnaissance des architectes, pompiers et mairie.
Le promoteur Valenergies a aussi choisi l’autoconsommation baisser les charges de ses futurs propriétaires, avec un surcoût limité à la construction de 5,3%. Si, pour le moment, les projets en autoconsommation se sont fait essentiellement sur fonds-propres afin de garder une souplesse sur l’évolution de l’activité du site, il a été souligné l’importance du développement du tiers-investisseur pour que ce marché monte en volume.
Les Régions sont mobilisées sur la promotion de l’autoconsommation photovoltaïque, avec 60 projets financés en APCL et 22 pour la Région Grand-Est. Les taux d’autoconsommation sur ces projets sont très élevés (95% en moyenne) pour des taux d’autoproduction moyen de 14%. Dans la foulée de ces premiers retours d’expériences, Virginie Schwarz, Directrice générale de l’énergie au MEDDE, a annoncé le lancement de l’appel d’offre national autoconsommation pour des puissances 100-500kWc avant l’été.
L’autoconsommation au niveau des quartiers
Sur le marché du quartier, les collectivités se sont montrées très impliquées, avec des expérimentations audacieuses comme KerGrid, RennesGrid ou encore la rénovation du quartier des capucins à Brest. Des difficultés avec ErDf sur l’utilisation du réseau sont apparues, et notamment sur la plus petite maille de mise en commun qu’est le logement collectif, puisque l’utilisation des colonnes montantes (qui font partie du réseau publique) pour délivrer des électrons dans tous les appartements pose déjà problème. La CRE s’est montrée favorable à des évolutions rapides sur ce sujet.
Cette question de l’utilisation du réseau publique pour des ventes privées locales d’électricité verte est apparue d’autant plus primordiale que les collectivités et le CLER le rappelaient : le développement du photovoltaïque est aussi une question d’intérêt générale, et limiter sa production à une part – faible – de ses besoins, pour obtenir de forts taux d’autoconsommation n’a pas forcément de sens, si à côté de sa maison, il y a de gros besoins en électricité justement le midi, pour des bureaux par exemple.
Autoconsommation sur le marché du neuf
Sur le marché du neuf, Florent Moretti de la DHUP est venu donner un avant-goût du label BEPOS, qui devrait être un label à 4 niveaux, dont deux réservés à la décision locale du territoire, dans lequel l’autoconsommation photovoltaïque sera prise en compte pour la réduction de la consommation du bâtiment. Il a précisé que l’enjeu dans le neuf était d’abord d’éviter la consommation, ensuite de la réduire et enfin de la compenser.
Deux points d’alerte pour Enerplan, d’abord la notion d’autoconsommation déduite de profils réglementaire au moment de la construction sans connaitre le client, qui peuvent aller à l’encontre de dimensionnement intelligent avec un vrai utilisateur. Ensuite la tentation de minimiser les exigences pour ne pas alourdir même faiblement les budgets des promoteurs, tentation absurde car le tiers-investisseur est une solution qui a toute sa légitimité dans le projet de construction pour porter ces investissements de long terme.
En somme, je dirais que ce colloque Enerplan, premier colloque national dédié à l’autoconsommation photovoltaïque a été un réel succès. Il est de bon augure pour ces nouvelles offres qui répondent à une véritable attente de nos concitoyens. Plus précisément avec DualSun, nous validons notre intuition première de consommer localement l’eau chaude et l’électricité et nous nous enthousiasmons de l’intérêt de plus en plus général suscité par ce mode vie.
1 commentaire
currier
05 septembre 2016 à 07 h 18 minBonjour
Je suis intéressée par l’auto production, consommation d’électricité, voire revente
Je suis à la campagne et j’ai une habitation principale (toitures limitées) et une petite maison : 2 grandes toitures
Mais j’ai pour projet de créer deux pergolas pour porter les panneaux
Pouvez vous m’en dire plus sur les projets financés APCL
Je peux envoyer des plans
Je vous remercie
Anne de Dualsun
06 septembre 2016 à 07 h 38 minBonjour, ma collègue a pris contact avec vous directement pas mail, je vous laisse poursuivre ensemble votre projet. Bonne journée !
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