Le 25 novembre 2014, vous aurez peut être lu dans le Point, un article s’intitulant « Il faut ralentir le développement des énergies renouvelables » dans lequel Colette Lewiner, experte réputée du marché de l’énergie, nous exhorte à raisonner le développement des énergies renouvelables. Selon elle, les énergies renouvelables polluent, coûtent cher et fragilisent l’approvisionnement en électricité de l’Europe … c’est à mes yeux une charge bien lourde est pas tout à fait justifiée, c’est pourquoi je prends quelques lignes pour lui répondre sur deux point importants.
Les EnR engendrent des risques de coupures d’électricité en hiver ?
« Le Point : On évoque de plus en plus les risques de coupure d’électricité durant l’hiver. Pourquoi ? Colette Lewiner : Elle sont avant tout dues à l’arrêt progressif des centrales à gaz »
De mon point de vue le développement des énergies renouvelables est avant tout un moyen d’agir directement sur la demande en énergie : l’énergie solaire par exemple, permet de diminuer la demande en énergie du bâtiment sur lequel les panneaux sont installés grâce au solaire. Chez DualSun nous voyons le solaire avant tout comme une source d’énergie locale qui doit être autoconsommée au maximum et qui vient diminuer la demande globale sur le réseau. Les interactions avec le réseau devraient donc être très faibles : c’est de l’efficacité énergétique avant tout (un peu comme bien isoler son bâtiment contre le froid). Cette vision implique effectivement de privilégier l’installation de panneaux solaires sur les bâtiments ou dans le cadre d’éco-quartiers, qui ont des besoins en énergie proches et bien identifiés, plutôt que sur des grosses centrales au sol dont les besoins sont souvent plus éloignés.
Vu comme ça il n’y aucune raison de ne pas renouveler l’entretien des centrales au gaz. Comme le dit Mme Lewiner, ces centrales sont nécessaires et le resteront. Elles démarreront moins régulièrement grâce aux énergies renouvelables et seront donc beaucoup moins polluantes. Mais on ne peut pas se passer de ces centrales aujourd’hui, et ce n’est sûrement pas les quelques subventions qui sont encore attribuées aux énergies renouvelables qui provoquent la fermeture de nos centrales au gaz.
Il n’est pas exact de mon point de vue d’accuser les énergies renouvelables d’être responsables de la fermeture des centrales au gaz. Si c’est une question de financement, comme le dit Mme Lewiner, il faudrait plutôt penser à augmenter le coût de l’énergie qui n’est à priori pas en adéquation avec le coût de revient et d’entretien de nos unités de production. Si cela devient nécessaire, comme semble le sous-entendre Mme Lewiner, il faudrait accepter de réfléchir à augmenter le prix de l’énergie pour financer le coût d’entretien de nos centrales.
Les EnR sont très subventionnées alors que les fabricants de panneaux sont chinois.
« Colette Lewiner : Le problème, c’est qu’on subventionne les énergies renouvelables à hauteur de plusieurs milliards d’euros par an en France, mais on n’est toujours pas parvenu à créer une filière du photovoltaïque de pointe en Europe, par exemple. Au contraire, on aide les fabricants chinois de panneaux solaires ! En fait, il faut ralentir le rythme de développement des énergies renouvelables, qui fragilisent le marché de l’énergie et coûtent cher au consommateur final. Cet argent, utilisons-le mieux. »
La filière des énergies renouvelables ne se réduit pas qu’à la fabrication de panneaux photovoltaïques ! Pour notre part, nous développons notre innovation en France depuis 2010 et nous commençons à exporter DualSun avec succès.
OUI, une filière industrielle forte est en train de se mettre en place sur des produits innovants qui s’exportent très bien : par exemple la société Exosun avec ses trackers, Advansolar avec ses stations de recharge solaire, ou encore Ciel et Terre avec ses panneaux solaires flottants… Ces quelques sociétés démontrent qu’il est possible de mettre en place une filière industrielle locale sur des produits innovants, nous en sommes l’exemple vivant !
Au-delà de ces sociétés industrielles, un savoir-faire local qui concerne le dimensionnement et l’installation de centrales solaires s’est développé. Ce savoir-faire n’est pas délocalisable !
Enfin je partage le point de vue de Colette Lewiner : les énergies renouvelables ont été trop subventionnées par le passé et il était devenu indispensable de moins les subventionner. Aujourd’hui les choses ont changé : il reste le CITE qui est un « coup de pouce » incitatif important pour le client final particulier, mais les tarifs de rachat ont énormément diminué. La parité réseau se rapproche à grands pas et les subventions ne seront bientôt plus nécessaires.
Centrales au gaz, centrales nucléaires, centrales au charbon… le marché du gros de l’électricité n’est pas systématiquement à opposer aux EnR ! Il y a des nouveaux chemins à trouver ensemble pour continuer notre transition énergétique. Même si le développement durable vient bouleverser les schémas établis, il ne faut pas oublier que nous avons besoin les uns des autres. Je crois qu’il vaut mieux travailler ensemble intelligemment à notre efficacité énergétique plutôt que de freiner le changement et voir fondre toutes nos capacités de production (renouvelables ou non).
Jérôme Mouterde, CEO de DualSun
1 commentaire
Bruno Lalouette
20 janvier 2015 à 11 h 35 minMadame Lewiner a des actions chez les pétrolières, j'ai lu ses propos, une chose de vraie, il faut stocker l'électricité renouvelable, donc, hydrogène par électrolyse, en revanche le solaire thermique se stocke déjà très bien.
Maintenant il faut un "investissement business acte pour l'Europe, avec des panneaux 100% européens pour les besoins des marchés publics, et des entreprises ayant leur siège sociale en Europe, on peut aussi élargir aux USA et Japon, Amérique du sud, en aucun cas à la Chine !
D'ailleurs, la déontologie voudrait que ces panneaux soient produit à partir d'énergies propres, et non de gaz, de charbon ou de nucléaire ...
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